“LA CFDT RÉCLAME DE LONGUE DATE UNE NÉGOCIATION SUR LE TRAVAIL ET LA QUALITÉ DE VIE AU TRAVAIL”

Trois question à Catherine Pinchaut, secrétaire nationale responsable de la politique en matière d’organisation, de vie et de santé au travail.
Pourquoi une réforme de la santé au travail est-elle nécessaire ?
Notre système de santé au travail indemnise en cas d’accidents du travail ou de maladies professionnelles. C’est une bonne chose mais il faudrait agir beaucoup plus en amont. Cela suppose de privilégier la prévention afin de limiter les impacts délétères du travail sur la santé au lieu de s’en soucier uniquement lorsqu’il faut réparer et indemniser les salariés.
Or, en comparaison avec d’autres pays européens, les moyens que la France consacre à la prévention en entreprise sont insuffisants. C’est pourquoi le développement d’une culture de la prévention est un axe fort du plan « santé au travail 2016-2020 ». Coconstruite par les partenaires sociaux et la Direction générale du travail, cette feuille de route intègre l’idée qu’il faut réfléchir aux conditions et aux organisations de travail pour améliorer la santé au travail. La réforme à venir doit permettre de franchir un pas supplémentaire.
Depuis l’été 2018, plusieurs rapports sur la santé au travail ont été remis au gouvernement. 
Que préconisent-ils ?
Il y a eu un premier diagnostic demandé en janvier 2018 à Charlotte Lecocq (députée LREM), Bruno Dupuis (consultant en management) et Henri Forest, ancien médecin du travail et ex-secrétaire confédéral de la CFDT. Le rapport a fait apparaître un système beaucoup trop complexe, avec une multitude d’acteurs et une offre de prévention peu lisible par les entreprises, notamment les TPE, qui sont les principales concernées par cette réforme. Salariés, dirigeants et représentants du personnel ne savent pas vraiment qui fait quoi ni vers qui se tourner.
Quant à la visite médicale obligatoire, elle a peu d’effet sur l’environnement de travail. La mission propose de réorganiser la complémentarité des acteurs et de rénover la gouvernance du système. De plus, elle met l’accent sur la prise en compte des risques émergents : perturbateurs endocriniens, nouvelles formes d’organisation du travail, numérisation, augmentation des risques psychosociaux.
Une mission avait également été confiée au professeur Paul Frimat sur les expositions aux risques chimiques, cette fois, et un troisième rapport doit être publié sur les indemnités journalières. Autant de fils à tirer pour engager cette réforme. Le gouvernement vient également de confier une nouvelle mission à Charlotte Lecocq sur la santé au travail dans la fonction publique, laquelle n’était pas intégrée à la réflexion jusqu’ici.
Va-t-on vers une négociation ou une simple concertation sur la santé au travail ?
C’est toute la question ! Pour la CFDT, les deux sont nécessaires. Car il ne suffit pas de réformer en simplifiant le système de gouvernance de la santé au travail pour le rendre efficace. Il faut s’attaquer au sujet de fond : quels sont les leviers de la prévention en entreprise et le rôle des acteurs (entreprises, instances représentatives du personnel, salariés, médecins du travail…) ?
Pour cela, la CFDT réclame depuis longtemps une négociation sur le travail et la qualité de vie au travail. Finalement, le gouvernement a fait savoir qu’il n’y aurait pas de lettre de cadrage et a demandé aux partenaires sociaux de se mettre d’accord sur les thèmes qu’ils veulent négocier et ceux qui relèvent de la concertation. À la CFDT, nous sommes prêts. Reste à savoir si un accord sera trouvé pour pouvoir engager une négociation. Réponse en juin prochain.
Propos recueillis par cnillus@cfdt.fr 

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