"Nous tenons à notre autonomie"

Dans une interview au Télégramme du 18 décembre 2012, Laurent Berger confirme que la CFDT "fera toujours du dialogue social la voie privilégiée pour améliorer la situation des salariés".
 

Qu'est-ce qui va changer avec votre accession à la direction de la CFDT ?
Il n'y aura pas de changement fondamental en ce qui concerne les objectifs de la CFDT. Il y a juste un changement d'homme et donc un changement de style. Mon parcours est quelque peu atypique. J'ai, en effet, exercé dans plusieurs secteurs professionnels.

La CFDT va-t-elle continuer de privilégier la négociation sur l'affrontement ?
La CFDT fera toujours du dialogue social la voie privilégiée pour améliorer la situation des salariés. Mais le dialogue social, c'est un rapport de forces. En France, on comprend généralement assez mal ce qu'est la négociation. Il ne s'agit pas de petits arrangements entre amis ; c'est un rapport de forces entre des intérêts divergents avec le patronat d'un côté et les représentants des salariés de l'autre. Cette négociation sert à faire émerger des compromis positifs pour tous.

Comment vous situez-vous par rapport à un gouvernement qui promet - comme l'a fait Pierre Moscovici - de la sueur, du sang et des larmes ?
Vis-à-vis de ce gouvernement, comme vis-à-vis de ceux qui l'ont précédé, la CFDT est d'abord critique, exigeante et constructive. Nous tenons à notre autonomie avec ce gouvernement comme avec tous les autres. Nous vivons une période où il faut faire des efforts. Mais s'ils ne sont pas partagés et expliqués, cela n'a pas de sens. Le gouvernement doit donner du sens aux efforts demandés aux uns et aux autres. Il faut qu'ils soient également répartis. Un exemple : les entreprises vont bénéficier de 20 milliards de crédit d'impôt compétitivité/emploi. Il faut qu'il y ait des contreparties. C'est le maintien de l'emploi plutôt que le réflexe habituel d'en supprimer.
Comment réagissez-vous aux décisions prises par le gouvernement concernant le Smic et le refus d'un « coup de pouce » en janvier ?
Le ministère explique l'absence de « coup de pouce » par le fait qu'il y en ait eu un en juillet. Ce qui pose problème à la CFDT à propos du Smic, c'est qu'aujourd'hui, c'est le seul élément de la politique salariale et que les entreprises de nombreuses branches professionnelles continuent d'avoir des rémunérations inférieures au Smic. Il est trop souvent un déterminant de la politique salariale. Ce qui nous préoccupe, c'est qu'il y a de plus en plus de salariés au Smic. L'important, c'est de faire en sorte que les salariés ne restent pas au Smic toute leur vie.

Dans les rangs de la CFDT, il y a aujourd'hui une star médiatique en la personne d'Édouard Martin, le responsable de votre syndicat à Florange. Vous fait-il de l'ombre ?
Pas du tout. Édouard mène un combat juste, celui du maintien de l'emploi à Florange. Nous sommes copains. Nous nous connaissons depuis longtemps. J'ai visité Florange avec lui il y a presque dix ans. Il ne me fait pas d'ombre du tout. Il mène un combat juste que je soutiens. Nous sommes totalement en phase. À Florange, les salariés ont la chance d'avoir un leader médiatique. C'est une bonne chose.

Quel regard portez-vous sur l'affaire Depardieu ?
C'est lamentable. Même l'affirmation qu'il crée de la richesse et qu'en France on ne reconnaît pas le talent, c'est lamentable. Il y a des millions de Français qui ont du talent, qui paient leurs impôts et qui parfois aimeraient bien en payer en ayant des revenus plus importants. Je considère que tout le monde doit participer à l'effort.
Propos recueillis par Philippe Reinhard

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