Il vaut mieux former plutôt que licencier"






Dans une interview accordée à CFDT Magazine François Chérèque fait le bilan des mesures anticrise et appelle à des transformations à long terme.

Quelle stratégie la CFDT développe-t-elle pour répondre aux préoccupations des salariés touchés par la crise ?

Nous avons essayé de mettre rapidement en place des dispositifs sociaux adaptés à cette situation exceptionnelle. Mais lorsque j’ai interpellé le Président de la République en janvier sur la nécessité d’aider les salariés des petites entreprises en difficulté, il m’a répondu : « On ne sait pas faire, mais faites-moi des propositions ». A partir de là, et de cette idée simple qu’il vaut mieux former plutôt que licencier, la CFDT a construit sa stratégie en faveur des salariés victimes de la crise. Malheureusement, il y a eu un décalage dans le temps d’environ un semestre entre nos propositions, l’acceptation et la mise en œuvre du gouvernement et de l’administration. Les nouvelles mesures d’indemnisation des chômeurs ont tardé à se mettre en place si bien que certains n’ont pas pu en bénéficier. Quant à l’accord sur la formation professionnelle, il n’a toujours pas été débattu au Parlement. On a tout de même réussi à mettre en place un fonds d’investissement social (Fiso) pour former les personnes qui sont au chômage partiel ou des salariés que les entreprises ne peuvent plus rémunérer. Ces salariés plus qualifiés auront plus de chance de retrouver du travail, et les entreprises auront plus de réactivité avec ces salariés après la crise.

Quel conseil donnerais-tu aux salariés qui se sentent menacés par la crise ?

De s’adresser à la section syndicale CFDT de leur entreprise. Celle-ci obtiendra immédiatement le soutien de son syndicat, de sa fédération, de sa région pour bénéficier des dispositifs anticrise que nous avons obtenus.

Quel bilan peut-on tirer des mesures d’urgence prises pour les salariés les plus exposés ?

Plusieurs centaines de milliers de salariés bénéficient des dispositifs financés par le Fiso, sans compter les initiatives des régions. Une grande partie d’entre eux a ainsi évité le chômage. Il est essentiel de compléter ces dispositifs pour accompagner les jeunes en difficulté. La CFDT a proposé qu’ils bénéficient soit d’une offre de formation, soit d’un emploi aidé, soit d’un tutorat par un salarié senior, ou encore que leur engagement dans une mission de service civique soit facilité. Toutes ces offres doivent faire l’objet d’un contrat. En contrepartie, nous demandons l’accès au RSA pour les moins de 25 ans. Pourquoi un jeune salarié à temps partiel âgé de 26 ans peut-il percevoir le RSA tandis qu’un jeune de 24 ans n’y a pas droit ? C’est une inégalité incompréhensible. Toute personne en difficulté économique doit être aidée, qu’elle ait plus ou moins de 25 ans.

Au-delà des réponses immédiates à la crise, quelles sont les revendications de la CFDT pour transformer à long terme la société ?

D’une part, il est urgent de réintroduire de la justice sociale dans la fiscalité. Depuis une douzaine d’années, tous les gouvernements ont eu la même démarche : solidaire en exonérant les plus pauvres, moins solidaire en réduisant la fiscalité des plus riches. Or, les revenus de l’Etat ne baissent pas. Les classes moyennes subissent donc une pression fiscale plus forte. Il faut supprimer le bouclier fiscal et créer une tranche supplémentaire pour les revenus les plus élevés. L’Etat doit cesser de nous dire qu’il ne peut pas agir sur les bonus dans les banques alors qu’il a un outil, l’impôt, pour reprendre ce qu’il n’arrive pas à contrôler dans les entreprises !

D’autre part, nous voulons réformer le dialogue social dans les entreprises. Aujourd’hui, nous négocions les augmentations de salaires après que la valeur ajoutée ait été répartie entre les actionnaires, l’investissement et les salariés. Nous débattons de l’emploi après que les décisions stratégiques aient été prises sur l’évolution de l’entreprise et ses conséquences sur les plans sociaux. On attribue aux organisations syndicales le rôle de négociateur seulement sur les salaires, ou bien le rôle de pompier quand il s’agit de l’emploi. Nous souhaitons changer ce mode de fonctionnement en créant des lieux de dialogue et de négociation avant que ne soient prises les décisions stratégiques. Une négociation avec le patronat doit s’ouvrir sur cette réforme d’ici la fin de l’année.

Propos recueillis par Didier Blain et Nadège Figarol

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