Les cadres dans la turbulence


Salariés à part entière, les cadres sont aujourd'hui pleinement entrés dans la crise réelle à l'heure où l'économie financière semblerait se stabiliser. Chômage partiel, rémunération en baisse, remises en cause. Patricia Blancard, Secrétaire générale adjointe

Souvent informés au dernier moment des stratégies de l’entreprise ou de leur administration, les managers sont chargés de les mettre en œuvre, de les expliquer quand eux-mêmes doutent de leur intérêt. Les experts n’ont pas la reconnaissance dans cette période troublée. Tous peuvent être, comme l’ensemble des salariés, victimes de licenciement et la question de l’emploi redevient primordiale. On compte + 15% d’inscriptions de cadres auprès de Pôle emploi et en parallèle les offres d’emploi enregistrées par l’Apec cet été ont chuté de 31%.
Ce sont les jeunes diplômés et les seniors qui font les premiers les frais de la crise : difficulté d’intégrer le monde du travail, pénurie de CDI… Certains ne trouvent que des stages, pratiques encouragés par certaines universités ou écoles qui proposent un diplôme supplémentaire afin de pouvoir signer une convention de « stage » devenue obligatoire. Beaucoup de jeunes optent pour une poursuite d’études dans le but de retarder l’entrée dans le monde du travail. Il y a également une vraie difficulté à trouver des contrats en alternance, même parfois pour des diplômes d’ingénieur.
Les partenaires sociaux ont conclu le 8 juillet une négociation sur les mesures d‘urgence pour l’emploi et notamment sur le chômage partiel. Si, selon l’accord, les salariés au forfait jour sont exclus des mesures de chômage partiel, celui est possible dans les faits. La loi stipule que « les salariés au forfait sont exclus du champ d’application du chômage partiel en cas de réduction d’horaires mais pas en cas de fermeture d’établissement ». Il faut entendre par fermeture d’établissement l’arrêt total de l’activité d’un établissement ou d’une partie d’établissement, d’un service, d’un atelier ou d’une équipe projet, de toute entité homogène de salariés. Selon les secteurs professionnels, la réglementation du chômage partiel est très différente. Dans la métallurgie, l’accord de branche prévoit le maintien de la rémunération des forfaits jours (cadres ou non) en cas de chômage partiel. C’était la contrepartie à la mise en place du forfait jours, en considérant que si le salarié peut faire un nombre d’heures important et que son salaire ne progresse pas quand son activité augmente, il ne doit pas être pénalisé par une baisse de revenus quand l’activité diminue.
Les cadres sans doute plus que les autres salariés vont être impactés en termes de rémunération par la crise ; toutes les formules de rémunération variables seront à la baisse et parfois de façon très importante. Dans certains cas, même si cela ne se traduit pas par des jours de chômage partiel décomptés explicitement et éventuellement indemnisés, ils percevront tous moins de salaire, parfois ils travailleront de leur domicile. La question du chômage partiel pour les cadres mérite donc une approche particulière et comme toujours plus complexe.
On observe également que, sous couvert de la crise, un certain nombre d’entreprises de différentes branches, remettent en cause des « avantages » accordés parfois de longue date aux cadres, oubliant qu’ils ont été la contrepartie d’un investissement qui a rapporté à l’entreprise ou qu’ils sont intégrés et présentés comme faisant partie de la rémunération, comme par exemple la prévoyance.

© CFDT (mis en ligne le 15 septembre 2009)

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