Un repli "comme dans les années 1930"

 
 
 
 
Interviewé dans le Journal du Dimanche du 23 avril 2011, François Chérèque invoque "les promesses non tenues" du gouvernement. Il lance une mise en garde contre la tentation de l’extrême droite, tout en invitant à "ne pas céder à la panique". 
 
L’audience du FN atteint des sommets chez les ouvriers. Que se passe-t-il?
Il faut y voir une perte de confiance dans la politique. C’est le résultat de promesses sociales qui n’ont pas été tenues, sur le pouvoir d’achat, le "travailler plus" ou sur l’industrie. Il y a une déception et une remise en cause de la parole politique qui poussent vers les réponses démagogiques. Ce n’est pas fini. La prime de 1 000 euros annoncée par le gouvernement va renforcer la défiance car seule une minorité de personnes pourront la toucher.
Ce serait la faute de Nicolas Sarkozy?
Le phénomène n’est pas récent. Certains électeurs veulent sanctionner le pouvoir et vont chercher ceux qui n’ont pas encore gagné. Cette tendance a été accentuée par la gouvernance depuis quatre ans et le sentiment que les plus aisés n’ont pas fourni les mêmes efforts que les autres pendant la crise.
Vous entendez des propos d’extrême droite dans les entreprises?
Nous le constatons, il y a des expressions de rejet des autres, de racisme. Y compris dans la fonction publique, où certains n’hésitent pas à dire: "En cas de second tour Sarkozy-Le Pen, on ne votera pas Sarkozy!" On n’entendait pas cela avant.
Quand Marine Le Pen évoque la désindustrialisation, elle parle directement aux ouvriers…
L’extrême droite a toujours utilisé des situations réelles mais donne des mauvaises réponses. Ce qui se passe en France s’est déjà produit après la crise de 1929. Il y a eu le même type de réactions. On voit où cela a mené. Sans aller jusqu’à de telles extrémités, nous constatons que la tendance au repli existe en France et en Europe comme dans les années 1930.
Comment répondent les syndicats?
Cette situation nous place face à nos responsabilités. Il faut valoriser ce que nous signons. Récemment, quatre accords importants ont augmenté les retraites complémentaires pour les familles nombreuses, conforté notre système d’assurance-chômage qui est le meilleur d’Europe, amélioré le sort des précaires dans la fonction publique et l’accompagnement des jeunes sans emploi.
Et dans les entreprises?
Nous disons aux salariés concernés qu’ils font une erreur d’analyse, que les propositions de Marine Le Pen sont creuses. Pis, qu’elles se retourneraient contre les ouvriers ou sont irréalistes, que ce sont de fausses pistes. Nous allons actualiser notre analyse du programme du FN et continuer cette pédagogie. Mais attention à la dramatisation. Il ne faut pas céder à la panique.
On a vu des syndiqués sur des listes FN…
Quelques cas ne font pas une généralité. à la CFDT, nous en avons eu un en Moselle, une procédure d’exclusion a été engagée. On ne peut pas défendre la préférence nationale à une élection et revendiquer une appartenance CFDT, c’est incompatible. Attention cependant à ne pas surévaluer un phénomène très marginal! J’ajoute que les démarches d’entrisme de l’extrême droite ont toujours existé depuis la fin du XIXe siècle. Le syndicalisme a toujours lutté efficacement contre.

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