L’avenir du syndicalisme, un enjeu pour les salariés


Au cours d'un débat exceptionnel, François Chérèque et Bernard Thibaut ont échangé leurs points de vue sur les multiples enjeux du syndicalisme de demain.
Crise et action syndicale, régulation internationale, dialogue et démocratie sociale, mutations du salariat, représentativité, évolution des pratiques syndicales… le débat qui a rassemblé, à la tribune de l’Université syndicale d’été (Use) de la CFDT, à Bierville, le 27 août dernier, François Chérèque, Maria Helena André, de la Confédération européenne des syndicats (CES) et Bernard Thibaut, secrétaire général de la CGT, a montré à quel point l’avenir du syndicalisme, thème de cette 23e Use, comprend de multiples facettes. Qualifié d’“historique” par Maria Helena André, ce débat associant les secrétaires généraux des deux principales confédérations syndicales françaises, était une première. Remerciant ses invités de leur présence, François Chérèque a dit son souhait qu’un dialogue intersyndical apaisé puisse s’instaurer plus durablement.
Sur le fond, l’échange a permis, au-delà des différences, de dégager les problématiques communes qui se posent aux organisations syndicales en France, mais aussi, plus largement, en Europe. Si la crise actuelle doit “permettre de faire émerger un nouveau modèle de développement prenant en compte les facteurs écologiques et sociaux”, a souhaité Maria Helena André, elle accroît les attentes des salariés à l’égard du syndicalisme, a estimé Bernard Thibaut, au risque que “l’urgence crée des attentes supérieures à notre potentiel de réponse”. Pour sa part, François Chérèque a estimé que la crise révélait à la fois la faiblesse de la présence syndicale, avec à la clé de véritables inégalités de droits des salariés face à la crise, l’absence de dialogue social dans le pays et la nécessité, pour le syndicalisme, de repenser ses propres modes d’organisation et de fonctionnement, face aux mutations du travail et à la nouvelle donne de la représentativité.

Faire la preuve de l'efficacité du syndicalisme
Un défi, notamment en termes de pratiques syndicales, dont se sont d’ores et déjà saisi les deux confédérations : la CGT dans ses textes de congrès, qui se tient en décembre 2009, et la CFDT dans le rapport rédigé par Marcel Grignard, “Le syndicalisme à un tournant. Oser le changement”. Pas question, pour François Chérèque, de bouleverser les structures : “Le changement ne se décrète pas.” Mais, a-t-il souligné, “s'il démontre son efficacité, on peut tout s'autoriser.” Et le secrétaire général de la CFDT de mettre en garde : “ Si on ne fait pas le lien entre notre action syndicale et le quotidien des salariés, on sera un colosse aux pieds d'argile. ” Interrogé par Gilles Desbordes, secrétaire général de la fédération des services, sur l'émergence d'une “culture de l'engagement à la CGT”, Bernard Thibaut a admis que “les nouvelles règles vont changer la donne pour tous, y compris la CGT : le poids donné par les élections professionnelles oblige les syndicats à rendre des comptes, et donc à resserrer le lien entre négociateurs et salariés”. Un horizon qui exige également une véritable rénovation de la démocratie sociale, comme l'ont appelé de leurs vœux François Chérèque et Bernard Thibaut d'une même voix. Un appel direct aussi bien au gouvernement, qui tarde à mettre à l'ordre du jour un code de bonne conduite pour que les parlementaires n'interfèrent pas dans la législation sociale sans consultation des partenaires sociaux. Mais aussi au patronat qui échappe entièrement aux nouvelles règles de la représentativité que CFDT et CGT se sont imposées et qui, a souligné François Chérèque, “ne facilite pas toujours le fait syndical dans l'entreprise”. A n'en pas douter, l'avenir du syndicalisme est aussi une question de bonne démocratie sociale.
Aurélie Seigne

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