Fin de tournée d'été pour le bus des saisonniers


Plus encore que les années précédentes, les conditions de travail et surtout la diminution des embauches ont été au cœur de la campagne saisonniers.

Bierville, le 27 août. Alors que François Chérèque et Bernard Thibault débattent de l’avenir du syndicalisme, le bus orange couvert de dessins de Vuillemin stationne dans la cour du centre de formation de la CFDT. Pour la dernière fois de la saison, Lassad, le chauffeur, déploie le barnum et sort les documents CFDT à destination des saisonniers sous le regard intéressé des journalistes parisiens initialement venus pour le débat entre les deux secrétaires généraux. C’est donc dans l’Essonne, durant l’Use qui marque traditionnellement la fin des vacances pour les responsables CFDT qu’a pris fin la campagne saisonniers d’été 2009.

« Cette campagne saisonniers nous a confirmé de façon impressionnante les difficultés des salariés vis-à-vis de la crise. » Le constat d’Hervé Garnier, secrétaire national en charge des saisonniers est sans appel. « A quasiment chaque étape de la campagne des jeunes venaient au bus demander si nous n’avions pas des jobs saisonniers pour eux, y compris lors des dernières étapes fin août ».

« Ce que l’on présentait dès le lancement de la campagne début juillet s’est malheureusement révélé juste : l’impact de la crise a été très fort et très négatif concernant l’emploi saisonnier », ajoute Céline Gillier-Amrouche, secrétaire confédérale à la délégation jeunes en charge de la campagne saisonniers. A titre d’exemple dans le Nord-Pas-de-Calais, les équipes CFDT ont relevé une diminution de 47% du nombre de contrats saisonniers par rapport à l’an dernier. Une situation qui n’est pas propre au nord de la France et qui est d’autant moins acceptable que l’activité touristique est restée comparable à celle de 2008 dans l’Hexagone. De là à parler d’effet d’aubaine de la part de nombre d’employeurs…
Des conditions de travail dégradées

La diminution du nombre de contrats n’est pas la seule conséquence de la crise : « On a assisté cet été à une réelle mutation des conditions d’embauche et de travail des saisonniers, explique Céline. Concernant les saisonniers "de métier", si le nombre d’embauches n’a pas foncièrement diminué par rapport à 2008, ils ont été recrutés beaucoup plus tardivement pour une durée moins longue, mais sur des horaires rallongés (et pas toujours rémunérés) ». Alors qu’habituellement la saison débutait pour eux à la mi-avril pour se clore fin septembre, dans certaines régions, ils n’ont été embauchés que début août ! Pour Céline, « cette situation risque de se révéler rapidement dramatique pour ses professionnels de la saison : l’intersaison sera plus longue que d’habitude » La situation ne se présente pas mieux pour les jeunes et les étudiants : « les jobs d’été ont eux aussi été recrutés plus tardivement, mais pire encore, insiste la déléguée jeunes, on a assisté à une explosion des contrats à temps partiel. Ces jeunes ont en quelque sorte été utilisés comme extras, notamment dans l’hôtellerie-restauration, alors même que ce secteur a obtenu cet été la baisse de la TVA à 5,5% sans pour autant que le nombre d’embauches n’augmente comme les employeurs s’y été pourtant moralement engagés. La principale conséquence est devant nous : c’est durant l’année universitaire que leurs problèmes financiers seront les plus criants. »

Conséquence logique que toutes les équipes ont pu remarquer durant la campagne : les conditions de travail des saisonniers ont été encore plus dégradées que les années précédentes. Un signe d’ailleurs ne trompe pas, les dossiers déposés par les saisonniers devant les prud’hommes ont augmenté de façon vertigineuse ces derniers mois. Par exemple, l’Uri Aquitaine qui n’avait eu à déplorer aucun cas de ce type en 2008 en a déjà recensé 10 depuis début juillet. « C’est dans l’agriculture que les conditions de travail les plus exécrables, explique Céline Gillier-Amrouche, on est en revenu à certains endroits au contrat journalier : les saisonniers devant même appeler tous les matins pour savoir s’il y a du travail pour eux. » Sur le terrain de l’agroalimentaire, encore plus qu’ailleurs, « il est indispensable de poursuivre un travail de fond au-delà du passage du bus et de la campagne d’été, pour améliorer les conditions de travail et de vie, notamment concernant le logement des saisonniers » conclut la déléguée jeunes.

Nicolas Ballot




Retrouvez toutes les étapes de la tournée du bus des saisonniers 2009
© CFDT (mis en ligne le 28 août 2009)

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