Les équipes CFDT face à la crise : sentiment partagé chez Heuliez


Pendant la crise les équipes CFDT se battent partout en France pour défendre jour après jour les emplois. Exemple chez Heuliez où 620 emplois ont été sauvés mais 400 supprimés.

« Moi, j’ai un métier, je suis tôleur formeur… c’est surtout pour les autres qui sortent de la chaîne que c’est dur ». José Deabreu a 38 ans dont 14 chez Heuliez où il travaille au service des prototypes. José est partagé, comme la plupart de ses collègues. D’un côté, il est content, il sait que l’entreprise est reprise à partir du 24 août par Bernard Krief Consulting. De l’autre côté, il est amer en pensant aux 400 collègues qui ont reçu leur lettre de licenciement courant juillet.

Ce sentiment partagé entre satisfaction et amertume, toute l’équipe CFDT de Heuliez Cerizay dans les Deux-Sèvres le ressent également. Emile Brégeon, le délégué syndical, n’a pourtant pas ménagé sa peine pour éviter le pire. « Les affaires ont pris une tournure dramatique en avril lorsque le Fonds stratégique d’investissement (FSI) a refusé les 10 millions d’euros qu’Heuliez lui demandait », explique le syndicaliste. Ces 10 millions, sorte de garantie de l’Etat, déclenchait les investissements des banques, du fonds d’investissements pour les énergies vertes et de la région administrative (Poitou-Charentes) à hauteur de 35 millions. Avec ces fonds, Heuliez évitait la liquidation et pouvait avancer dans le lancement de son véhicule électrique. Sans les fonds, le cauchemar commençait.

Fin avril, la section alerte l’Union départementale CFDT des Deux-Sèvres qui à son tour alerte la presse. La présidente de la région, Ségolène Royale, s’impose dans l’entreprise et les médias accourent. La section met à profit cette notoriété pour remuer ce ciel qui vient de tomber sur la tête des Heuliez. « Nous avons immédiatement parlé de sécurisation des parcours professionnels à ce moment-là », se rappelle Emile Bregeon. Les contacts sont pris avec l’Opca (organisme collecteur des fonds de formation professionnelle), l’Etat, la région pour que les repreneurs potentiels gardent les 1 000 salariés.

Dans le courant de juin, le FSI qui n’avait pas jugé Heuliez stratégique fait volte face et accorde les 10 millions demandés. « Si le FSI avait pris cette décision dès le départ, on aurait pu garder tout le monde », estime aujourd’hui Emile Bregeon. Les négociations commencent alors avec le repreneur qui estime que seuls 400 salariés sont nécessaires à la bonne marche de l’entreprise. La CFDT obtient que 220 salariés supplémentaires soient maintenus. Ils iront en formation longue durée. Pour les licenciés, la section se bouge pour que leurs départs aient lieu dans de bonnes conditions. « Nous devions à la fois éviter la liquidation donc continuer à travailler, mener des actions afin d’attirer l’attention de l’Etat et trouver un repreneur qui aillent jusqu’à la reprise effective d’Heuliez, raconte Emile, nous avions demandé 12 500 € par salarié plus 500 € par année d’ancienneté plus un quart de mois par année d’ancienneté pour les départs volontaires. Mais nous n’avons pas pu obtenir tout ce que nous revendiquions. A la différence des entreprises qui délocalisent ou qui ferment, dans ce cas précis, c’est le repreneur qui paye les primes supra légales en plus des difficultés déjà évoquées ». Résultat : 300 € par année d’ancienneté plus une prime de un quart de mois par année d’ancienneté. La CFDT arrache tout de même que les licenciés bénéficient d’une priorité à la réembauche pendant trois ans et non pendant une seule année comme prévue initialement.

« Aujourd’hui, nous sommes confrontés à trois défis, estime Emile Brégeon, d’abord trouver les 150 formations pour les salariés repris en supplément, la CFDT va s’y attacher. Les deux autres défis sont industriels : il s’agit de développer le véhicule électrique puis de la vendre à hauteur des espérances ». Le business plan prévoit la vente de 5000 unités d’ici la fin de 2010. « On a 18 mois pour réussir ce pari », espère Emile Brégeon.
Didier Blain

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